Miguel Barceló est venu en Côte d’Ivoire en 1991 – Après un voyage au Mali à GAO . Il vint s’installer provisoirement pour y peindre , à Grand-Bassam, cette ancienne capitale de Côte d’Ivoire, qui fut également le premier port où débarqua Binger . Miguel avait eu son coup de foudre pour l’Afrique au Mali , à Gao, aussi il cherchait à s’établir quelque part . J’eus le plaisir de le rencontrer donc, au moment où il venait voir si, en Côte d’Ivoire il lui serait possible de s’y ancrer.
Grand-Bassam a le charme indéniable des vieilles villes coloniales , aux maisons envahies parfois par la végétation. Miguel y trouva sa place , dans une de ces vieilles demeures transformée en hotel, il en fit son atelier, où j’allais lui rendre visite..
Là , il allait peindre le bord de mer, la passe où l’océan entrait dans la lagune , avec des pigments qu’il aimait inventer , créer . J’ai pu admirer en avant première ses fabuleux dessins , nés , là.
Comme c’était la fin de l’année , nous avons invité Miguel à passer le premier de l’An à Assinie, petit paradis , plage sans fin ,sous les cocotiers, entre lagune et Océan où nous avions notre paillotte de week end. Et où Jean-Michel Basquiat, Gérard Fromanger étaient venus aussi et bien d’autres amis. Belle fête où la plage s’illumine de grands feux de palmes chaque premier de l’an.
Mais Miguel finalement préférait le sahel, les lumières, le climat du Mali. Je connaissais bien le Mali pour y être allée souvent, subjuguée par les Dogons, leur cosmogonie, leur habitat dans ces fameuses falaises de Bandaguiara. Hubert avait au Mali son grand ami, frère , Amadou Simaga qui allait pouvoir aider notre ami Miguel à trouver « l’endroit de ses rêves » ! Nous lui recommandâmes Miguel .
Dans un premier temps , Miguel s’installa dans une belle maison de Ségou de style soudanais , où j’eus le plaisir, avec des amis , de le retrouver , alors que j’allais faire une fois de plus , un grand périple au Mali et au Niger, dans ces régions limites, du sahel et du désert qui me fascinent aussi ,( j’y ferai quelques années plus tard un parcours d’installations d’Abidjan à Tombouctou.)
Finalement , Miguel comme moi , fut fasciné par les falaises de Bandaguiara et jeta son dévolu sur Gogoli, où il fit construire, au raz de la falaise , une maison Dogon. Nous nous y sommes retrouvés une fois , le Mali était pour moi aussi source d’inspiration et j’y revenais souvent, je parcourais ces villages cités par Leyris, Germaine Diétherlen , Jean Rouche. Nous nous sommes même croisés aussi sur la route, en 92 , Miguel repartant, hélas, mais j’étais quand même allée à sa maison, d’où il avait une vue absolument à couper le souffle sur toute la falaise, les maisons troglodytes
Je lui ai même « emprunté » un porte qu’il était entrain de faire faire … porte qui est devenue une de mes œuvres … « La porte du Sigui » que je dédie à Miguel Barcelò. Nous devions aller voir Miguel à Mallorca mais Hubert nous a quitté pour toujours et le projet d’aller chercher des petits ânes est resté un rêve .